Première reconnaissance en Mitidja

La première reconnaissance de la campagne à l'est d'Alger fut opérée dès le 6 juillet 1830, le lendemain de notre entrée dans la capitale, par le maréchal de camp comte de Montlivault, l'un des brigadiers de la division des Cars.

Montlivault partit du fort Babazoun à 4 heures du soir avec le 23 ième régiment d'infanterie, deux pièces d'artillerie, vingt-cinq chasseurs à cheval, un interprète et deux guides arabes. Il visita les dix batteries qui séchelonnaient sur la côte jusqu'au cap Matifou, et y laissa dans chacune un détachement de vingt hommes.

Alger - Ancien Fort Bab-Azoun

Alger-Hussein-Dey (Nouvel-Ambert) - Le Fortin Charles-Quint

Voici un extrait du rapport rédigé à l'issue de cette mission

« Après deux heures et demie de marche, on rencontra le petit fleuve Harrach les vagues empêchèrent de le passer à son embouchure et il n'offrit aucun gué praticable il fallut le remonter durant trois quarts d'heure avant de trouver un pont. La colonne, fatiguée par les sables, les broussailles et la forte chaleur, campa sur la rive droite, tandis qu'à la nuit close Montlivault gagnait avec quatre compagnies d'élite la plaine de la Mitidja.

Maison-Carrée en 1838

Fort de l'Eau -- La Plage et le Vieux Fort

- « Ici, dans un rayon de six cents mètres, trois arbres, deux figuiers et un palmier, ornent seuls, l'immense désolation de ce paysage inutile. Il y a aussi un fortin abandonné et un vieux puits : tristes vestiges d'une ancienne et illustre prospérité. Ce sera le Fort de l'eau  ».

Il arriva vers onze heures à la Rassauta, grande ferme du Dey, évacuée et déserte. En se retirant, les troupes du Bey de Constantine avaient pillé, dispersé ou enlevé tous les bestiaux : environ 3 000 boeufs, 200 buffles, 60 chevaux et un très grand nombre de moutons. Les guides allèrent aux renseignements et rapportèrent le lendemain matin, 7 juillet, que le Bey avait campé à une demi-lieue de là, avec 3 000 hommes, dont 6 à 700 Turcs, et qu'il s'était enfui en toute hâte à notre approche.

Brasserie de Lapérouse

Cap-Matifou - Le Vieux Fort et le Restaurant Nicolle

D'abord effrayés, puis rassurés par les guides, les Arabes de la campagne s'étaient en nombre approchés de nos soldats. Avec eux, Montlivault alla visiter le fort du cap Matifou, où tout était en désordre et brisé, où il restait 22 pièces de canons et 2 000 boulets. Le pavillon blanc y fut arboré, et le général regagna la Rassauta.

On avait pu réunir à la Rassauta 250 boeufs et une centaine de buffles. Le fermier du Dey, Mohamed-ben-Ali, s'était montré fort empressé à favoriser nos intérêts : il fut confirmé dans ses fonctions. Ce Mohamed-ben-Ali, caïd des Beni Moussa, avait constamment servi de guide et de conseil à Montlivaut, et poussé l'attention jusqu'à faire préparer dans sa tribu de la nourriture pour nos soldats partis sans vivre. Il reçut une sauvegarde, et le général en chef fut prié de lui conserver sa dignité, de lui remettre un caftan, un cheval et des armes d'honneur. Le guide Abdallah avait lui-même rempli sa mission “avec tout le zèle, l'intelligence et la vigueur possibles”.

Comme on vient de le voir, ce premier contact avec les tribus rurales de notre ancienne région se présentait sous de bons augures.

Transmis par Robert BALLESTER