Tmoignage sur un fait rel voqu
en 1909
Au-del du plaisir des yeux pour le collectionneur, la Carte Postale permet de voyager travers le temps et de dcouvrir, par lĠimage, lĠvolution dĠune rue ou dĠun quartier, la naissance ou la disparition dĠun difice public ou priv, la commmoration de ftes ou dĠvnements heureux ou douloureux, immortaliss sur ce support postal. Mais lĠimage ne suffit pas toujours notre bonheur. Il faut aussi considrer, au-del de la Collection, que la Carte Postale permet aussi de disperser des messages et des parcelles de vie qui ont aliment lĠHistoire de notre commune, et qui ont ainsi t diffuss dans la France entire, voire au-del des frontires. CĠest ainsi quĠau hasard des recherches incessantes pour dcouvrir toujours de nouvelles Cartes Postales anciennes sur la commune ou la rgion de notre enfance, il arrive parfois de dcouvrir, la lecture des correspondances qui figurent sur celles-ci, lĠvocation dĠvnements qui ont d marquer les esprits et les chroniques de lĠpoque. Cela a t mon cas lĠoccasion de lĠacquisition de cette carte postale de LA CALLE, date du 23 octobre 1909, et qui venait avec joie enrichir ma collection. En effet, on peut dcrypter au verso le texte suivant :
Au cours dĠune de nos nombreuses et habituelles rencontres avec mes amis Callois, la conversation sĠest oriente sur les Cartes postales anciennes de LA CALLE et les messages quĠon pouvait y lire. En voquant la correspondance particulirement macabre de ma trouvaille, lĠvnement relat devait permettre un des amis prsents, le Dr. Jean-Claude PUGLISI, de faire resurgir dans sa mmoire un souvenir trs ancien, venant corroborer le tmoignage de lĠinconnu, rdacteur de cette carte dĠautrefois. Bien entendu, les faits remontant une trentaine dĠannes avant sa naissance, notre ami nous a relat le rcit que Monsieur Ren ARNAUD, agriculteur dans la rgion de LA CALLE, n en 1895, lui avait cont dans son enfance : CĠtait, nous disait-il, une triste affaire dont il avait t tmoin dans sa jeunesse : un ignoble assassinat avait eu lieu dans une mechta toute proche de Yusuf, et les gendarmes taient venus sur les lieux pour tenter de dcouvrir le coupable. LĠenqute sĠavrant difficile, les gendarmes dcidrent alors de relever les empreintes digitales de tous les habitants du douar, puisque celles de lĠassassin figuraient nettement sur lĠarme du crime. Mais la consternation quasi gnrale de lÔassistance, lĠexamen sur place des diffrentes empreintes, ne devait pas apporter dĠlments probants aux gendarmes. Alors que la situation tait bloque et que toutes les questions restaient sans rponses, lors dĠun nouvel interrogatoire, un membre de lĠassistance fit soudain remarquer quĠon avait nglig, la premire fois, de relever les empreintes dĠun individu, qui sĠtait discrtement dissimul derrire le cheval dĠun gendarme quĠil maintenait fermement par la bride. Aprs examen de ses empreintes, il sĠavra quĠil sĠagissait bien de lĠassassin recherch et il sĠen est fallu de peu ce jour-l pour quĠil chappe la justice. Celle-ci devait le condamner la guillotine. CĠest bien ce BOUBAKEUR qui est voqu dans la carte postale du 23 octobre 1909 et qui fut guillotin en place publique le 21 octobre 1909 Yusuf, petite commune situe une quinzaine de kilomtres de LA CALLE. Ainsi, le plaisir de dchiffrer mticuleusement ce que rvlent les cartes postales anciennes, apporte de surcrot de prcieux renseignements sur ce que fut la vie dĠautrefoisÉ CĠest lĠhritage quĠil ne faudrait jamais ranger dans les tiroirs de lĠoubli. Christan COSTA |