Les Autocars Blidéens

 

C'était le nom d'une Société privée de transports de personnes qui désiraient se rendre de Blida à Alger la capitale.

Blida était la ville principale de la plaine de la Mitidja. Cette agglomération qui abritait environ 70.000 âmes, était bâtie au pied de l'Atlas Tellien, première grande chaîne de montagnes de l'Algérie. Blida était l'un des passages pour atteindre les sommets où nichait l'une des stations qui attiraient bon nombre des partisans des joies des sports d'hiver et Chréa en était le but.

Blida affublée de son kiosque à musique de style mauresque avec ses colonnes aux ogives orientales, était fier de son immense palmier qui trônait au dessus. Le kiosque, surélevé étaient entouré d'un bassin circulaire limité tout autour d'une rampe en fer forgé de la meilleure allure, il s'érigeait en plein milieu de la Place Clémenceau, dite Place d'Armes cernée de ses majestueux platanes en double files.

Blida, la charmante, la belle, était desservie en transports vers la Capitale, par la voie de chemin de fer qui arrivait jusqu'au centre-ville, permettant à la Micheline, petit train monté sur pneumatiques, de venir presque jusqu'à la grande place pour récupérer les voyageurs. L'autre moyen mis à disposition étant la fameuse Société des Autocars Blidéens, équipée d'une assez importante flotte de véhicules qui garaient dans leur immense hangar situé à la sortie de la ville sur la route nationale.

Ces fameux Autocars peints en rouge vif étaient au service des voyageurs. Le départ se faisait sur la Grande Place, face à l'Hôtel d'Orient à deux pas du bas de la rue d'Alger, aux jours et heures bien définis. L'itinéraire emprunté passait tout d'abord le long du boulevard Trumelet bordé de ces fameux orangers qui embaumaient au printemps lorsqu'ils étaient en fleurs, et que les piétons empruntaient pour faire leur promenades quotidiennes.

L'Autocar démarrait tout proche de la Brasserie de la Paix juste en face des Galeries de France, grand magasin exposant ses nombreuses vitrines sur le boulevard. Puis la rue des calèches devenue plus tard une station de taxi. Les Casernes du 1° R.T.A. et la Blidéenne

Reprenant son chemin, l'Autocar enfilait sur sa droite le Boulevard Beauprêtre, très large artère moderne qui contournait le centre ville pour rejoindre ,Le l'autre extrémité de la rue d'Alger où son prolongement conduisait à la sortie de la ville

A quelque distance sur la route nationale, les immenses hangars de la Sté des Autocars blidéens avec son escadre presque au complet.

Le premier village sur la route nationale qui se situait à 6 km environ était le village de Béni-Méred, tout petit village agricole. Puis 7 à 8 km plus loin, le gros bourg de Boufarik nous montrait lui aussi une activité agricole très entreprenante. Des pépinières, des champs de blés, des vignobles, des vergers et agrumes garnissaient le paysage. Les quelques tâches de miel qu'étaient ces beaux champs de blés étaient piqués des fines étoiles rouges des coquelicots, jusqu'aux bords de la route, et qui attendaient au passage leur cueillette par les amoureux des fleurs.

Puis les Quatre-chemins, tel était son nom, qui était aussi une petite agglomération bien plus modeste que Boufarik, était le passage forcé qu'empruntait l'Autocar pour nous conduire vers la Capitale.

Et l'on passait kilomètre après kilomètre pour atteindre ensuite, Birtouta puis Birkadem et plus loin, Birmendrès et par la route moutonnière la Ville de Maison Carrée, déjà la banlieue du grand Alger.

Et l'Autocar entrant dans l'agglomération en longeant le boulevard front de mer terminait son parcours à la Place du Gouvernement où, en plein milieu trônait majestueusement Henri d'Orléans, le Duc d'Orléans sur son cheval, imposante statue de bronze juchée sur son piédestal.

C'était ici le terminus de notre Autocar Blidéen.

Distance parcourue depuis Blida 50 kilomètres tout ronds

 

Claude Lévy
5 Novembre 2002
Transmis par Michèle Manivit