STORA, vous souvenez-vous !!!
Ce sont les Phéniciens qui donnèrent son nom à cette magnifique baie, aux eaux toujours claires et calmes qui fut de tout temps une escale appréciée des navigateurs et des pêcheurs, bien que les indigènes soient souvent hostiles et dangereux.
Pourquoi Stora ? Tout simplement parce que les Phéniciens dédièrent ce lieu idyllique à Astarté ou Astora leur déesse de l'amour.
Les Romains, quelques siècles plus tard, créèrent à cet endroit un port dont de nombreux vestiges existaient encore à notre arrivée en 1838 et notamment les magasins de l'annone (impôt romain perçu en nature auprès des paysans et transféré à Rome après que les notables locaux aient prélevé leur part), des installations hydrauliques et une fontaine sous une très belle voûte en bordure de mer.
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Cette petite cité, à notre époque, vivait exclusivement de la pêche et des industries s'y rattachant. Les pêcheurs pour la plupart d'origine italienne avaient l'habitude avant la conquête de venir faire des campagnes de pêche dans la région et c'est bien naturellement que quand les conditions furent réalisées, ils s'installèrent à Stora.
Il fallait les voir, sur la plage en plein soleil entretenir leurs filets entre chaque sortie en mer, sous le regard des plus anciens assis sur le parapet qui séparait la route de la plage. Et devant les portes des habitations les vieilles femmes en noir occupées à dire du bien des absents.
Le soir c'était le départ pour la pêche, les hommes en s'invectivant bruyamment chargeaient leur matériel: filets, casiers, lamparos, puis partaient vers le large à la recherche de bancs de poissons qui rempliraient leurs embarcations avant le retour au petit matin.
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Puis soudain après le départ, les bateaux s'estompant à l'horizon, un grand calme, une grande sérénité, annonçant le crépuscule et l'arrivée d'une douce fraîcheur sous un ciel merveilleusement étoilé où les odeurs de maquis venaient concurrencer celles de la mer.
Dès le printemps, le rivage et les terrasses des cafés sous les arbres étaient animés, surtout le dimanche, par des estivants arrivés des environs en cars, en calèches ou en voitures, venus profiter de cet endroit extraordinaire où la mer toujours calme et tiède, le ciel invariablement bleu, le village dans son écrin de verdure, créaient une douceur de vivre que l'on ne retrouva nulle part ailleurs.
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Il suffisait de se retourner pour être à nouveau émerveillé par la vue de Philippeville étalée au soleil, là-bas au fond de sa baie, entre ses deux collines et laissant apparaître au milieu de son port et de ses habitations, sa gare et son hôtel de ville.
Et puis, passé la jetée, la plage Mollo, qui pourrait l'oublier, avec ses cabines sur pilotis, son phare sur une presqu'île dont les rochers plongeaient droit dans les flots, le chemin piétonnier surplombant la plage juste sous la falaise, qui menait à Miramar un autre lieu de rêve.
Personne sur cette terre ne connaît le paradis, mais ceux qui ont vu Stora savent ce qu'ils voudraient qu'il soit.
Albert BRASSEUR