COLLECTIONNEZ LES ETIQUETTES DE VIN D'A.F.N.

Créé initialement pour identifier un contenu et en désigner le producteur, l'étiquette de vin à évolué au fil des ans pour séduire et faire vendre. Mais c'est aussi comme thème, une collection inépuisable, agréable, peu onéreuse et qui peut rapporter de gros. .. moments de plaisir.

Hélas pour notre communauté d'A.F.N., les étiquettes neuves s'obtiennent (de plus en plus difficilement) pour cause de disparition de la majorité de nos caves coopératives ou pas, qui étaient des modèles du genre. Mieux vaut, pour qui veut entamer aujourd'hui une collection, se tourner vers les décollées... ou plutôt, bien souvent, " à décoller ! "... Et pour ces dernières, il n'existe qu'une solution: chiner dans les bourses toutes collections, et dans son entourage: famille, amis, collègues de bureau....

Pour cela, permettez-moi de vous rappeler l'œuvre admirable accomplie par la FRANCE en ALGERIE et qui demeure en ce pays l'une des plus magnifiques réalisations du génie français. L'Algérie fut un des principaux pays producteurs de vin. Elle constitua une véritable terre d'élection de la vigne, il me paraït donc utile de donner quelques indications succinctes sur les conditions de la culture de la vigne dans la colonie.

La culture de la Vigne et l'élaboration du Vin dans l'Afrique du Nord remontent à la plus haute antiquité.


Une mosaïque au Musée de Cherchell près d'Alger nous montre des vendangeurs foulant des grappes dans une cuve en pierre d'où le jus s'écoule dans deux grandes amphores en terre cuite. Ces vendangeurs, jambes nues, se tiennent par le bras pour conserver leur équilibre et foulent la vendange, tandis qu'un de leurs compagnons verse dans la cuve des corbeilles de raisins.

Après l'ère de prospérité due à la pacification romaine, s'étend une longue période troublée, marquée par les invasions et les dévastations vandales et arabes pendant lesquelles la culture de la vigne (comme celle d'ailleurs du blé et de l'olivier) régressent considérablement. Il faut la présence française en 1830 pour pacifier à nouveau le pays, ressusciter l'agriculture et donner particulièrement à la culture de la vigne un nouvel essor.

La vigne en 1953 s'étendait en Algérie sur environ 350.000 hectares donnant des récoltes moyennes d'environ 15 millions d'hectolitres et susceptible de produire dans les bonnes années 18 à 20 millions d'hectolitres. L'Algérie, à l'époque, disputait ainsi à l'Espagne le troisième rang de la production mondiale, directement après la France et l'Italie.

Cette importante production était logée dans des caves particulières ou dans des caves coopératives qui sont des modèles du genre, possédant les installations les plus modernes de vinification, de refrigération et de conservation, ainsi que dans les chais du Commerce dont quelques-uns peuvent loger de 50 à 100.000 hectolitres.

Le temps n'est plus où l'on considérait les vins d'Algérie comme des produits de qualité courante pour ne pas dire ordinaires. Outre que ces vins sont d'une très grande variété, ils proviennent de plants soigneusement sélectionnés et de procédés de vinification les plus modernes. Ils se caractérisent par une maturité constante et naturelle due au climat, une belle robe, du corps, de la souplesse.

Mais ce sont véritablement les vins de Montagne qui constituaient le fleuron de notre production. D'une force alcoolique en général élevée, titrant au moins 12° et pouvant aller jusqu'à 15° et même 16°, parfaitement constitués, fruités, avec des bouquets différents selon les régions, ils possédaient une classe exceptionnelle.


Les Vignobles de Montagne s'échelonnaient entre 600 et 1.200 m d'altitude et comprenaient principalement: dans le département d'Alger, la région de Médéa, établie sur des grès rouges et des terres silicieuses ou argilo-calcaires, principalement plantés en vigne rouge, et la région de Miliana sur des terrains constitués par des éboulis de pentes, avec des émergences de marnes schisteuses. Ces vins étaient en général d'une grande finesse, plus fruités dans la région de Médéa que dans celle de Miliana, et donnant en vieillissant des vins d'une qualité incomparable.

Enfin, dans le département d'Oran, nous avons les célèbres vignobles de Mascara qui produisaient des vins de 13° à 16° corsés, souples et chaleureux, au bouquet très persoMel.

Grâce aux soins de la Viticulture, aux efforts du Commerce et à la qualité exceptionnelle des Vins Algériens, ceux-ci ont pris une place prépondérante sur les marchés de la Métropole, des Territoires d'Outre-Mer et de l'Etranger. Il est aujourd'hui peu de pays qui ne les connaissent et qui ne leur réservent dans leurs achats une place de choix.

Dans l'ensemble, la culture de la Vigne et l'exportation du Vin d'Algérie assuraient plus de soixante pour cent de l'activité totale du pays. C'est un fait indéniable que sans son vignoble, sans les ressources qu'elle en a tirées, I'Algérie ne serait pas devenue ce qu'elle est aujourd'hui. La Vigne et le Vin ont financé la plus large part de son équipement economique et assurent encore les moyens d'existence de la plus grande partie de sa population laborieuse.


Si le vin est un breuvage qui a peuplé et enivré de nombreuses civilisations depuis l'Antiquité, I'étiquette est, elle relativement récente. Pendant des siècles, le vin est conservé dans des jarres, des chais ou des tonneaux, mais le principe de la bouteille bouchée et étiquetée aux fins d'être commercialisée n'est apparu que bien plus tard. Il faut attendre le début du 19ème siècle pour que la bouteille prenne la forme qu'on lui connaît aujourd'hui, et commence alors à s'orner d'une discrète vignette qui n'indique laconiquement que le nom du vin.

Le collectionneur d'étiquettes de vin, encore appelé " OENOGRAPHILE ", trouvera dans 1es nombreux sujets abordés par ces petits carrés de papier, un prétexte inépuisable pour vider des bouteilles sans jamais étancher sa soif...

"Ce qui est attrayant dans cette collection, c'est qu'il n'y a pas de côte des étiquettes de vin, et que l'argent n'est donc pas un critère de sélection. Tout le monde sans discrimination peut s'adonner à cette passion, et c'est sûrement l'une des rares collections qui ait su rester en dehors des spéculations. "

Jean-Marc LABOULBENE

Bibliographie: Revue Historique de l'Armée 1953