Pâques Algéroises

 

Si je parle de Pâques, c'est parce que dans mon coeur

J'ai su toujours garder un souvenir intense

De ce jour qui pour moi reflétait le bonheur

De vivre en Algérie, éternelles vacances.

 

Ce jour-là voyez-vous, était ensoleillé

Déjà tôt le matin régnait la bonne humeur

Pour la messe grand-mère devait me préparer

Elle me voulait parfaite, que je lui fasse honneur


De mon aspect soigné elle était responsable

Elle en tirait fierté et grande satisfaction

Cette grand-mère espagnole, toujours infatigable

Venue bien jeune dans ce pays en construction.

 

J'empruntais une partie de la rue de l'Alma

Puis rue de Chateaudun je filais jusqu'en haut

Place Lelièvre et son kiosque, les enfants qui sont là

Saint Joseph et les cloches qui sonnent pro Déo




Puis à midi, heureuse, je retournais là-bas

Rejoindre pour ces Pâques, la famille réunie

Et dans cette Avenue de la Bouzaréah

J'entendais, rires, appels et respirais l'anis

 

De ceux qui verre en main et tout près d'un comptoir

Fêtaient à leur façon Jésus ressuscité

Et quand les trois horloges sonnaient une heure et quart

Ils pensaient à rentrer chez eux le coeur bien gai

 



Pour nous, le repas se faisait, tous ensemble

Chez nos chers grands-parents où trois générations

Autour d'une table, dans le bonheur s'assemblent

En finissant toujours par la Mouna maison.

 

Certains de nos amis allaient à la forêt

La Mouna sous les pins avait un autre goût

Sidi-Ferruch était le lieu privilégié

Pour jouer au ballon et faire un peu les fous.


Aux Pâques Juives, nos voisins venaient nous offrir

La galette d'Azyme, nourriture symbolique

Ce signe d'amitié qui nous faisait plaisir

Soulignait l'harmonie de rapports sympathiques

 

Et depuis tant d'années, je revis chaque fois

Ces journées immortelles et pourtant disparues

Une chose a changé, la grand-mère c'est moi

Et mes petits enfants ne t'auront pas connue



Toi ma chère Algérie faite de notre énergie

Tu donnais du bonheur mais pour notre avenir ?

Maintenant nous sommes là . . bien sûr la nostalgie

Mais tout le monde n'a pas d'aussi beaux souvenirs!


Viviane COUDURlER-DELMAS