CONQUETE - PALUDISME ET REMÈDES LA TISANE PICON
Au cours de la conquête de l'Algérie, la privation d'eau et le paludisme éprouvèrent terriblement nos colonnes. Tirée des puits ou des oueds, I'eau était toujours insuffisante et suspecte. Même à petite dose, à l'état pur, elle engendrait des fièvres, la dysenterie, fréquemment la mort. Or, dans l'entourage du Général VALÉE, qui eut l'honneur d'emporter Constantine, s'était engagé par esprit d'aventure, un jeune homme de vingt et un ans, Gaëtan PlCON, originaire de la Riviéra Gênoise à l'époque où Gênes était province française et qui était rentré en France, avec sa famille, en 1815, quand Gênes avait fait son retour à l'Italie. Curieux de botanique, de chimie et des propriétés médicales des plantes, il avait, adolescent, travaillé dans la distillerie. Débarqué sur la terre d'Afrique, il se plut tout de suite à observer la flore africaine. De santé robuste, il ne fut pas parmi les premiers atteints par l'épidémie qui frappait autour de lui, mais vint son tour. Il s'avisa de se soigner lui-même. ![]() S'étant souvenu qu'au temps de sa jeunesse, une mixture d'écorce d'orange, d'écorce de grenade et de quinquina, composée à l'aide d'eau-de-vie, l'avait tiré d'une affection analogue, il décida d'utiliser les mêmes ingrédients, ceux-ci étant à sa portée. Il composa pour ses besoins personnels, ce qu'il appela " sa tisane " et qui lui parut après quelques essais et dosages, présenter des propriétés fébrifuges et désaltérantes. Il reconnut en outre, que son produit mélangé à de l'eau, dans la proportion d'une partie pour deux parties d'eau, assainissait cette dernière et la rendait inoffensive. Son secret, qu'il ne cherchait pas à taire, vint aux oreilles de ses chefs et le Général VALÉE finit par le charger de fabriquer sa préparation en quantité massive pour l'approvisionnement de toute la colonne. Pour la Petite Histoire En 1832, Gaëtan PICON libéré de l'armée, allait se fixer à Philippeville où il installait aussitôt, dans un gourbi, avec son ingéniosité naturelle, une distillerie de fortune. La réputation de sa tisane n'avait pas tardé à se répandre dans la population civile, heureuse de disposer d'un élément de coupage de l'eau, savoureux, tonique et bienfaisant. En l'espace de dix ans, il ouvrit à Alger, une, deux, puis trois fabriques. Primitivement nommé "l'Amer Algérien" il devint plus tard " l'Amer Picon ". En 1862 eut lieu l'Exposition Universelle de Londres. Le gouvernement invita les industriels français à y prendre part. Le sous-préfet de Philippeville, Monsieur De NOUVION, ne manqua pas d'insister auprès de Gaëtan PICON dans ce sens. Ces manifestations n'étant pas encore entrées dans les moeurs, il fit sourde oreille. Ce que voyant, Monsieur De NOUVION, entêté, prit sur lui, à l'insu du fabricant, d'expédier une caisse d'Amer Algérien à Londres. La récompense fut la médaille de Bronze Bibliographie L'Illustration 1930 V COUDURIER-DELMAS
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