MOHAMED RAClM, Miniaturiste-Enlumineur

La Loi Coranique interdit la représentation d'un personnage, quelqu'il fut et sous n'importe quelle forme. C'est " hlam " (péché) !.

Pourtant certains peuples islamisés (Perses, Hindous. pour ne citer qu'eux) conservèrent, malgré l'interdit leur art graphique ancestral et continuèrent à dessiner, peindre, sculpter fresques, mosaïques et êtres humains.

C'est certainement grâce à la présence de la France et de sa culture que l'immense talent de Mohamed Racim put éclore et se développer.

S'il avait grandi à l'époque de l'interdit musulman turc, il n'aurait jamais atteint une telle notoriété.

Il avait vu le jour dans les dernières années du XIXe siècle, dans une famille d'artisans ciseleurs-graveurs de la casbah d`Alger.

Lors de sa scolarité à l'école primaire de la Rampe Valée, il fut remarqué par un inspecteur d`académie qui eut la curiosité de feuilleter son cahier de dessin.

Émerveillé par la pureté de ses dessins, il le persuada à continuer dans cette voie et c'est ainsi que Mohamed devint (ainsi que son frère Omar, moins connu) enlumineur-miniaturiste de renom.

Avant d'atteindre la notoriété il dut, pour gagner sa vie comme tant d`autres artistes, se contenter de petits travaux.

Et c'est comme cela qu'il nous légua de très jolies cartes postales qui furent éditées par Bonesteve 20 Rue Bab Azoun à Alger et par la Typo-Lytho.

Mohamed travailla pour des éditeurs de livres de luxe, créa des modèles pour les écoles-ouvroirs d'Algérie, ce qui lui permit de se faire connaître et apprécier.

Mais la révélation pour Racim fut sa rencontre et l'amitié qui en découla avec Etienne Dinet, peintre orientaliste converti à l'lslam, installé à Bou Sâada, à côté du poète Slimane Ben Ibrahim.

Mohamed Racim décora plusieurs livres de Dinet et de Ben Ibrahim (ex Khadra), mais surtout il découvrit grâce à Dinet l`art persan.

Sans tomber dans l`orientalisme de bazar, et sans craindre le blasphème, il devint un miniaturiste célèbre, créateur de véritables œuvres d'art avec un soucis du détail, une précision sans faille dans une représentation exacte de la vie musulmane.

Il devînt l'ami et le compagnon d'intellectuels algérois comme Emmanuel Robles, Albert Camus, Albert Marquet ou Mouloud Féraoun.

Il déclara à son ami Louis Gillet (de l'Académie Française) : " Jamais je me suis tenu pour autre chose que pour un Français (il avait épousé une Suédoise). A l'école, jusqu'à quinze ans personne ne m'en avait fait douter. C'est seulement plus tard que j'appris que je ne l'étais pas... "

Et l'Académicien ajouta : " je vous assure que venant d'un tel homme, une telle parole serre le cœur... (extrait de Paris-Midi du 27 Mars 1937)

Mohamed Racim connut la consécration lors de l'exposition des œuvres de jeunes peintres et miniaturistes musulmans d'Algérie en 1944.

La majorité des élèves retenus avaient été ses élèves ou ceux de son frère dans les cours de miniaturiste qu'ils dispensaient, pour la peinture, la palme revenait à Armand Assus fils du célèbre caricaturiste Salomon dans son atelier du square Bresson

*Biographie A.O.M d'Aix En Provence

Luc TRICOU

 



CERCLE FRANCO-MUSULMAN D'ALGERIE

10, place du Gouvernement, Alger

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du 6 décembre au 17 décembre 1944

EXPOSITION

D'ŒUVRES DE JEUNES PEINTRES ET

MINIATURISTES MUSULMANS d'ALGERIE

Placée sous le Haut Patronage

du Général d'Armée Catroux, Ministre Délégué du Gouvernement
de la République Française en Afrique du Nord
et de Monsieur le Ministre Plénipotentiaire Yves Chataigneau.
Gouverneur Général de l'Algérie

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PREFACE DU CATALOGUE

Un artiste qui m'a demandé de taire son nom mais que tout le monde identifiera sans peine quand j'aurai dit qu'il est le maitre incontesté de la miniature en pays d'Islam, a conçu la généreuse et délicate pensée de grouper dans une exposition les jeunes peintres musulmans d'Algérie.
      Musulmans et Algériens, les uns et les autres, ils se sont engagés sur deux voies différentes, selon leur tempérament:
      Les uns ont suivi le lumineux sillage de celui que je n'ai pas nommé. Ils ont déjà l'habileté technique et le sens du décor qui firent la gloire des enlumineurs de Corans ou des illustrateurs de poésies persanes. Demain ils seront, à l'imitation de leur maître, les bons artisans d'une renaissance de la miniature musulmane dont nous saluons les prémisses.
      Les autres, élèves de nos écoles d'Alger et de Paris, se sont laissés séduire par les leçons de peintres de chez nous, de ces artisyes par qui la France maintient, en dépit des épreuves, sa primauté artistique dans le monde.
      La rencontre de ces deux traditions d'art exprime d'une manière trop heureuse ce rapprochemnt des deux cultures et des deux sociétés qui est comme la raison d'ëtre du Cercle franco-musulman pour qu'il ne soit empressé d'accueillir ces jeunes gens et de convier les hommes de goût et de bonne volonté à s'associer à son geste inaugural

 

Georges MARÇAIS
Membre de l'Institut

A. HEMCHE                              

  M. TEMAM                    

          B. BENAMIRA          

              M. ZMIRLI          

                  A. BENSLIMAN

                       B. YLES

A. ALI-KHODJA

    M. BOUTALEB

        A. BEN-HASSEL

            M. RANEM

                A. ABSI

                    M. FERHAT

A. FARRAH      
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OUVERTE TOUS LES JOURS, DlMANCHES COMPRIS
               
ENTREE : 2, rue du Divan          

Les Salons du Cercle ont été gracieusement mis
          
à la disposition des exposants